À la rencontre de… Vicky

La Marie Debout

5 QUESTIONS
ET UN PORTRAIT
 
Portrait de Vicky

LMD. – Si tu avais à faire ton portrait en quelques mots, quel serait-il?

VICKY. – Je suis une fille tolérante, tenace et patiente. Je suis une prostituée. J’aime beaucoup la lecture sauf que je n’ai jamais assez de temps pour lire. J’aimerais ça avoir plus de temps pour lire. Présentement, j’habite à l’OBM (Old Brewery Mission) dans le Pavillon Patricia Mackenzie, mais je me tiens pas mal dans le quartier Hochelaga depuis 6 ans.

LMD. – Qu’est-ce qui t’a amenée à franchir la porte de La Marie Debout une première fois?

VICKY. – Un matin j’avais faim et une fille qui fait le travail du sexe avec moi m’a dit « tu devrais aller à La Marie Debout, elles donnent des collations ». Je lui ai demandé c’était où, puis elle m’a expliqué. Je ne l’avais jamais remarqué avant, en passant. C’est comme ça que j’ai su que l’organisme existait, puis à un moment donné, j’ai décidé de m’arrêter et de rentrer.

J’ai été agréablement surprise. Ça change les idées, ça permet de faire d’autres choses, de se divertir. Je reviens parce que ça me permet de faire une pause, écouter un peu de musique sur l’ordi, manger une collation. Ça fait mon affaire aussi, comme je suis toujours sur la route. Moi, je n’ai pas de téléphone, je n’ai pas accès à internet où je reste, donc c’est l’fun pour ça aussi. C’est un bel endroit et c’est réconfortant.

LMD. – Qu’est-ce qui occupe ton corps et ton esprit en ce moment?

VICKY. – Moi, je vis le moment présent. Là, je suis à La Marie Debout en train de répondre à des questions. Haha!

En général ces temps-ci, je suis bien préoccupée par la Covid-19. On le vit tout le temps, on est tout le monde dedans avec nos masques. Ça m’apporte beaucoup de questions quand je suis toute seule avec moi-même. Sur la rue, c’est sûr que nous aussi on fait attention. Moi je me protège plus depuis qu’il y a ça. C’est sûr qu’il y a moins de clients, surtout quand les bars et les restaurants sont fermés. Donc, je suis préoccupée par la maladie, mais aussi le fait que j’ai moins d’argent. C’est pour ça aussi que j’ai décidé de prendre un lit à l’OBM.

Je n’avais pas de place fixe. Mais là, comme on est dans une période qui va être pas mal plus tranquille, comme c’est plus difficile, au moins j’ai une place, j’ai un toit parce qu’il commence à faire froid la nuit. Je suis dans un lit au programme (PRISM du Pavillon Patricia Mackenzie). C’est l’fun parce que je ne suis pas obligée de sortir le jour. On est 4 dans une petite chambre. Ils ont diminué les places de moitié à cause de la Covid-19. On est 17 résidentes au lieu de 40 en temps normal. Je me trouve bien chanceuse d’avoir une place. J’ai eu à dormir dehors un soir, puis j’ai pas aimé ça, donc j’apprécie vraiment beaucoup ma place. Je vais essayer de ne pas me tanner puis la conserver.

LMD. – Quels rêves caresses-tu pour le futur?

VICKY. – Avoir un ordinateur pour pouvoir écouter des films et de la musique. Pouvoir faire mes affaires. C’est quelque chose que je vais m’offrir dans le futur.

Puis, j’ai rendez-vous avec une conseillère de l’OBM. Elle va m’expliquer comment ça va marcher pour ma place là-bas, je pense que le programme c’est pour nous diriger vers un appartement. Elle va tout m’expliquer ça, j’ai hâte! Je suis contente parce qu’une place au programme c’est bon pour au moins 6 mois, je pense donc que je vais être correcte pour l’hiver.

LMD. – Comment inviterais-tu d’autres femmes du quartier à découvrir La Marie Debout?

VICKY. – Je voudrais leur dire que c’est une bonne place pour venir décrocher, pour venir prendre une pause.

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