Histoire de quarantaine

Marie Langagée

À l’occasion de la fête du quarantième anniversaire de La Marie Debout, Carole, Francine, Joanne, Karine et Cécile du groupe d’écriture collective ont composé un texte bien spécial. Elles l’ont d’ailleurs lu à l’occasion de notre fête au parc Morgan le 2 octobre dernier.  Mi-récit, mi-rencontre, laissez-vous porter par cette histoire de quarantaine.

Histoire de quarantaine

La Marie, qui est-elle?

On la connait depuis quelques années, quelques mois, quelques jours ou quelques heures. Chaleureuse, conviviale, rayonnante, dynamique et empathique, elle nous accueille toujours à bras ouverts. À l’affût de ce qui se passe à l’extérieur, des mouvances sociales, elle n’hésite pas à prendre la rue, son crayon ou son pinceau pour porter la voix des femmes. C’est une artiste.

 

Toutes les histoires de femmes qu’elle a entendues lui permettent d’assembler des mosaïques colorées et diversifiées. L’intelligence collective est son outil de prédilection. Elle s’en sert pour sensibiliser, éduquer et prendre soin des femmes qu’elle rencontre. Elle les mobilise pour défendre leurs droits, dénoncer des injustices et rendre visible leurs réalités.

Au fil des ans, elle en a vu d’autres. Elle a marrainé des tonnes de projets : La poésie prend l’air, Santé vous bien, La Nappe brodée offerte à nos consœurs autochtones, plusieurs marches mondiales des femmes, le blogue Marie Langagée, Nous les femmes qu’on ne sait pas voir, et on en oublie sûrement.

40 ans, toujours pimpante !!!

Et pourtant malgré sa force et sa résilience, elle est aussi vulnérable.

Marie, la tête hors des vagues

Toutes ces années accumulées, remplies de confidences et de sollicitations s’ajoutent au travail de gestion, d’organisation et de planification quotidienne. La pandémie la heurte de plein fouet. La crise de la quarantaine vécue en quarantaine ! Pensez-y ! Confinée, le sentiment de vivre le syndrome du nid-vide la déstabilise. La charge mentale s’intensifie de l’intérieur. Sans la force du nombre, les mailles du tissu social se desserrent ; chacune chez elles, l’isolement nous fragilise. Des projets tombent, les sourires se masquent, les larmes se versent solitairement, les mains d’ordinaire engagées, s’abîment à coups de Purell.

Fatiguée, inquiète pour sa survie, en panne d’activités : est-ce possible de croire encore que ça va bien aller !? Déceptions, interruptions, reports incessants, consignes variables ; comme tout le monde, La Marie Debout a dû se revirer sur un dix cennes à de nombreuses reprises.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, elle apprend que son bail ne sera pas renouvelé. Elle doit quitter sa maison des 30 dernières années. En pleine crise du logement, difficile de retrouver un milieu si chaleureux et coloré. La crainte de se retrouver sans abris a obscurci son horizon. Sa dignité, sa sécurité et son enracinement dans le quartier sont menacés. L’angoisse s’empare de ses membres.

Ses nombreuses embûches l’ont amenée à se questionner et à chercher des solutions. Elle s’adapte aux défis car garder contact avec ses femmes est SA priorité. Elle garde la porte de l’accueil ouverte, ajoute une nouvelle fenêtre – le Zoom – à son centre, appelle et répond à toutes. Cette période plus sombre de son histoire est marquée de deuils, bien sûr ! Mais elle sait garder le cap vers un avenir lumineux.

La Marie reste deboutte

Première bonne nouvelle pour son anniversaire : son bail est renouvelé ! Allégée de ce souci, les mesures sanitaires assouplies, elle peut dorénavant approfondir son enracinement et concentrer ses forces à grandir. C’est le moment idéal pour réunir ses troupes, rejoindre et rallier des énergies nouvelles afin de nourrir des aspirations grandioses pour une société plus juste.

40 ans de lutte, 40 ans de solidarité féministe, 40 ans d’éducation et d’apprentissages, d’émotions, de rencontres improbables, d’amitiés, y a de quoi être fière ! Elle mérite bien son jour de gloire et peut enfin fêter en grand avec vous tous.

Après toutes ses péripéties, elle est loin de vouloir s’arrêter. On oserait même dire qu’elle en ressort plus forte. Le vent dans les ailes, elle s’adapte et se métamorphose pour actualiser sa mission. Gonflée d’ambitions, l’estime dans le tapis de se voir célébrée ainsi, laissez-vous entrainer dans son élan énergique vers un avenir rayonnant. Le dos bien droit, fière et avisée, vous pouvez la croiser sur la rue Sainte-Catherine. Allez à sa rencontre et participez à ses projets audacieux !

 

Vous aurez sûrement compris que La Marie Debout célébrée aujourd’hui n’est pas une femme géante avec de superpouvoirs, mais bien le centre de femmes d’Hochelaga-Maisonneuve. Depuis les 40 dernières années, c’est un lieu de rencontres, d’échange et de mobilisation pour les femmes du quartier et d’ailleurs. N’hésitez pas à la découvrir en ligne ou à sonner à sa porte, que ce soit pour vous déposer, socialiser, reprendre des forces, et ou pour contribuer à bâtir son avenir fleurissant.

Levons notre verre à La Marie Debout et à tous ses accomplissements !

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