Missinak !

On se promène en silence pour découvrir cet immense terrain.

J’avance dans le bois, c’est très humide, pluvieux et aussi brumeux.

Je décide de m’assoir sur une bûche derrière le garage.

Les écureuils télégraphient leurs messages autour de moi.

Mon cahier est blanc comme neige que j’ai vu en arrivant ici.

J’écrase sur mon papier, un fruit que je ne connais pas, il sent bon.

Je sens l’odeur des conifères.

Je ressens mon enfance à fleur de peau.

J’aimais observer la nature, les animaux, les insectes…

Quand il pleuvait, j’adorais me réfugier dans un garage ou dans un hangar pour me protéger de la pluie, mais aussi pour l’écouter tambouriner sur le toit métallique.

Parfois j’essayais de l’enterrer en chantant plus fort qu’elle.

Mais une fois, ma famille s’est inquiétée parce que je n’étais pas entrée souper et ils ont fini par me trouver au deuxième étage du garage, endormie sur un matelas neuf emballé d’un plastique.

Aujourd’hui, à la pénombre et avec mes bottes de caoutchouc, j’ai adoré marcher et surtout m’enfoncer dans la mousse verte spongieuse sur les côtés du chemin de gravelle.

Mes pas sont plus lents, mes oreilles plus attentives à tous les sons.

Une chance que la noirceur n’est pas encore complète, j’ai pu éviter d’écraser les petits arbustes entre les grands arbres.

Contente, j’enlace enfin mon arbre dans la section des Hérons!

Déception, plus loin, je ne trouve pas celui de Raymond – mon chum-arbre-allumeur de réverbère – équilibre essentiel à ma vie, aussi terrestre.

À ma gauche, dans la pénombre, un tapis blanc de neige me situe le lieu de la cérémonie, qui s’était passée dans une autre fin de semaine, avec des rituels sacrés que vous nous aviez expliqués.

À vous toutes femmes de Missinak – et aux autres femmes que La Marie-Debout m’a

permise de rencontrer.

Je pense à vous toutes et je nous souhaite une nouvelle réalité ENSEMBLE plus juste pour tous et pour les «ELLES».

Un renouveau de nos «lois» et nos modes de vivre ensemble, tout en respectant la culture de tous et de chacunES.

Je nous souhaite par le fait même un ère (air, R) où les «ELLES auront des ailes plus LÉGÈRES» (lég R).

Missinak: 28/29/30 octobre 2019