Une bataille contre l’industrie du textile

Marie Langagée

Renseignements fournis par madame Nicole Berbier lors d’une conférence à Louiseville le 24 avril 2015

Selon Kalpona Akter, activiste connue pour sa bataille contre l’industrie du textile et pour l’indemnisation des familles des victimes, elle-même rescapée d’un effondrement d’usine en 1990 :
« La pression médiatique, la mobilisation sociale et peut-être aussi la honte ont poussé plus de cent marques et distributeurs européens et nord-américains à signer un accord sur les incendies et la sécurité, en vertu duquel ils se sont engagés à faire inspecter par du personnel « indépendant et qualifié » les 1600 usines de textile avec lesquelles ils font affaire et à effectuer les travaux de sécurisation nécessaires. » (http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/394709/le-rana-plaza-huit-mois-plus-tard), Le Devoir, 9.12.2013 (P.S. malheureusement sur le terrain en décembre 2014, on n’avait encore rien vu…)

De plus, comme l’industrie est un pilier du développement économique des pays émergents, les grands groupes occidentaux doivent donc avant tout rester dans le pays, car il ne faut pas oublier le rôle de l’industrie dans le développement économique du Bangladesh et dans l’émancipation des femmes.« Ce n’est pas un appel au boycott des produits textiles en provenance du Bangladesh, car cette industrie joue un rôle important dans l’émancipation des femmes. »

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Des actions possibles en soutien aux femmes du Bangladesh

1-Mobiliser l’opinion publique

Répondre à tous les mouvements qui tentent de mobiliser l’opinion publique, par exemple en signant les pétitions en ligne, en participant aux marches et aux manifestations, etc.

2-Lutter contre la délocalisation des emplois

Lien avec la Marche mondiale des femmes 2015 : travail précaire – Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires et la lutte contre la délocalisation des emplois (http://www.marchemondiale.org/index_html/fr)

3-Favoriser le développement des syndicats

Selon Kalpona Akter, moins de 2% des sites industriels du Bangladesh respectent des normes dignes des pays occidentaux. Les grandes marques doivent se regrouper dans des sites industriels pour y mutualiser la mise en place de conditions de sécurité optimales. Il convient également de favoriser le développement des syndicats dans ces pays à bas-coûts pour que les travailleurs soient sensibilisés et prennent en main l’amélioration de leurs conditions de travail. (http://www.usinenouvelle.com/article/rana-plaza-les-lecons-a-retenir-de-l-accident-dans-l-usine-au-bangladesh.N196534) Les activités des syndicats constitués restent étroitement surveillées par la police qui considère qu’ils représentent une menace pour l’ordre public et la sécurité.
4-Dénoncer la corruption endémique

Négligences liées à la sécurité des bâtiments, les responsables des usines et certains ingénieurs sont parfois arrêtés et des comités ad hoc sont créés, mais en raison de la corruption endémique – trente des plus grands propriétaires d’usines textiles siègent au Parlement de Dacca et la moitié des députés possèdent directement ou indirectement des usines – ces commissions ferment les yeux sur les conditions de travail et l’état des bâtiments. Cette fois encore, le propriétaire de l’immeuble Rana Plaza était l’un des leaders locaux du parti au pouvoir, l’Awami League. En date du 1er juin 2015, le propriétaire est accusé de meurtre (http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/441592/bangladesh-le-proprietaire-du-rana-plaza-accuse-de-meurtre).

5- Exercer des pressions pour obliger les multinationales

-À respecter les Normes internationales du travail. Actuellement ce n’est pas une obligation pour les industriels, mais il existe une doctrine : l’entreprise doit vérifier toute sa chaîne pour qu’il n’y ait pas violation des droits de l’homme et des travailleurs    ( salaire minimum, sécurité incendie, règles de sécurité élémentaire sur les produits inflammables, sorties de secours non-verrouillées, contrôle allées et venues, vols, inspections des bâtiments, travail des mineurs, travail supplémentaire forcé sous peine de licenciement, normes minimales de santé)

-À contribuer généreusement aux indemnisations des blessés et familles des victimes à travers le Rana donors trust fund (http://www.ranaplaza-arrangement.org/fund/about)

6- Exercer des pressions pour obliger les gouvernements

-À faire respecter les conventions de l’Organisation internationale du travail et qu’ils fassent rédiger à Genève un accord sur la sécurité des usines.

La sécurité, un droit pour TOUTES
La sécurité, un droit pour TOUTES

 

Des questions se posent maintenant :

Comment reconstruire des modes d’échanges ?
Comment obliger les multinationales à signer et à respecter les accords de sécurité?
Comment repenser notre quotidien pour devenir consommatrice-teur responsable (produit locaux, équitables, et pas forcément la course au meilleur prix)

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Des femmes qui changent le monde :

Présidente de la Fondation des femmes du Népal (http://www.womenepal.org/), madame Rénu Sharma a reçu l’invitation officielle de la FFQ pour participer à la Marche mondiale des Femmes 2015.

Débordante d’une énergie créatrice, la Fondation des femmes du Népal change le monde : 240 membres actifs, 1216 membres généraux, 12 bureaux dans différents districts, une école communautaire, une maison d’accueil temporaire pour celles qui ont été victimes de violence, une manufacture de tissage, une ferme biologique, des cours professionnels, réseautage avec de multiples autres organismes locaux et internationaux.

De plus, Rénu et la Fondation des femmes du Népal ont développé un vaste réseau d’au moins 150 groupes à travers les régions rurales du Népal, un système d’intervention pour les femmes victimes de violence, un mécanisme de groupes de soutien de première ligne à l’intérieur des villages, incluant des projets générant un revenu qui permet à ces femmes de devenir automnes, par exemple productions textiles, préparation d’aliments qui peuvent être vendus dans les magasins, éducation des membres de la communauté, etc.

À cela s’ajoute les campagnes d’éducation publique dans les médias, la création des campagnes de conscientisation publique qui impliquent une formation à l’intérieur d’une communauté de femmes (promotion de pièces de théâtre de rue, vidéos et autres programmes destinés à l’éducation publique) et un travail avec le système politique pour changer les lois qui ne protègent pas les femmes.

Des slogans à scander :

Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche!

Tant qu’il y aura des Rana Plaza, les femmes seront en marche pour un monde plus juste!

Mondialisation, libre échange, développement économique, prospérité, MAIS pas seulement pour le 1% de la planète, nous voulons une mondialisation de la solidarité !

À la mondialisation des marchés, opposons la mondialisation de nos solidarités.

 

Les femmes de La Marie Debout solidaires avec les femmes de l'industrie du textile
Les femmes de La Marie Debout solidaires avec les femmes de l’industrie du textile

Pour en savoir plus sur le sujet :
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/05/14/bangladesh-plus-de-1-700-morts-depuis-1990_3176155_3216.html#kLvIk2rRvJle2FDS.99

 

Cette vidéo présente l’action de mobilisation qui a été organisée à La Marie Debout pour l’action internationale de la Marche mondiale des femmes en solidarité avec les femmes du Bangladesh le 24 avril 2015. Ce sont les Femmes réseautées et engagées de La Marie Debout qui ont filmé et monté ce vidéo, les mêmes femmes qui ont créé ce blogue. Bon visionnement!

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