5@8 intergénérationnel sur la santé des femmes

Clémentine Hayman

Je vais vous narrer mon expérience du 5@8 intergénérationnel sur la santé des femmes organisé par La Marie Debout à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Mais avant cela, il est à propos que je vous parle de moi pour que vous compreniez mon regard sur cet événement.

Fraîchement débarquée de France, je suis à Montréal depuis un mois. J’ai obtenu le graal pour venir travailler ici au Canada, le PVT (Permis Vacances Travail) qui permet pendant deux ans soit de travailler soit de prendre du bon temps en voyageant ou en faisant du bénévolat. Après quelques jours d’adaptation (décalage horaire, climat, accent, entre autres) j’ai commencé à chercher du travail et à vouloir m’investir dans le communautaire par la même occasion.

Avec ma maîtrise en sociologie spécialisée en Égalité des sexes et en Études de genre, je saute sur l’occasion du 8 mars pour participer à divers événements. C’est en allant au Rond-Point, un café autogéré dans mon quartier, que je remarque un tract nous invitant au 5@8 intergénérationnel non-mixte sur la santé des femmes. Je suis une femme, intéressée par le sujet et qui plus est, jeune, je corresponds donc au public ciblé.

J’arrive au lieu de l’événement, un peu en retard je l’admets, et là oh surprise ! une travailleuse de La Marie Debout m’accueille avec un grand sourire et me demande de remplir un fichier avec mes coordonnées. D’autres travailleuses sont là, elles aussi m’accueillent chaleureusement. Je m’installe et écoute attentivement les interventions.

La première est celle d’une intervenante spécialiste de la santé reproductive des femmes. De prime abord, je constate que ses propos sont précis, voire scientifiques, mais tournés avec tant de simplicité que toutes les femmes présentes semblent bien comprendre. Puis je me rends compte que cette présentation en plus d’être très complète est inclusive. Nous aborderons autant les thèmes de la contraception, que ceux des rapports sexuels à tous âges, que la ménopause. L’intervenante est à l’aise, connaît son sujet à la perfection et reçoit toutes les questions des participantes avec bienveillance et intelligence.

La seconde intervenante est une étudiante en sexologie. Je me dis d’emblée que l’intervention sera de moins bonne qualité avec une personne encore en phase d’apprentissage et pas forcément à l’aise avec la prise de parole en public. Pas du tout ! C’est une jeune femme compétente, qui fait corps avec son sujet pourtant très intime. Elle nous guide tout au long de sa présentation en nous posant des questions, en définissant des termes scientifiques. Ainsi, nous apprenons à définir les stéréotypes de genre, le double standard, nous réfléchissons ensemble à nos propres biais stéréotypés. L’assemblée pose de nombreuses questions, réagit, s’interroge et l’intervenante répond paisiblement de façon pointue à chaque question ! Le sujet de la sexualité paraît pourtant bien difficile à aborder en public, devant des inconnues, pas pour elle !

Ensuite nous faisons une petite pause-souper avec des bouchées et des jus de fruits offerts et bien appréciés ! J’en profite pour échanger au sujet du Centre de femmes : La Marie Debout, j’aimerai m’investir dans ce centre communautaire et me voilà trois jours plus tard à rédiger un article pour leur blogue !

S’ensuit des témoignages très émouvants de femmes anonymes ayant rencontré des difficultés face à l’accès aux soins. En France je n’ai jamais entendu personne se livrer avec autant d’honnêteté sur un sujet aussi profond et de surcroît devant des inconnues. J’en ai les larmes aux yeux.

Le débat de l’accès aux soins est lancé. Toutes dans la salle se résignent des difficultés à trouver un « médecin de famille » (notion nouvelle pour moi), à avoir un rendez-vous en clinique, bref à se faire soigner. Certaines se confient sur leur angoisse grandissante face à cet abandon du système de santé québécois envers elles. Les travailleuses et les membres de La Marie Debout l’ont bien compris et ne comptent pas en rester là ! Elles nous présentent fièrement leur Déclaration du 8 mars 2018 et nous en distribuent une copie.

La députée provinciale d’Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, présente tout au long des conférences, s’aligne avec cette insurrection et dévoile ses connaissances de l’avancée politique du sujet de la santé des femmes du quartier. Nous sommes une sacrée troupe de femmes aux diverses compétences, toutes choquées par le même constat et motivées à en découdre !

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