Déclaration pauvreté et itinérance

Marie Langagée

À l’été 2020 à Montréal, nous avons vu naître un bidonville dans l’est avec le campement Notre-Dame. Un très grand nombre[1] de personnes vivant dans des abris de fortune et des tentes nous a démontré le manque évident de logements abordables et de services sociaux adaptés aux besoins. Avec une inflation drastique de 6 % du coût de la vie, de plus en plus de personnes auront de la difficulté à se loger.

Cette réalité est particulièrement vraie pour les femmes :
Les femmes qui sont encore moins rémunérées que les hommes
Les femmes cheffes de famille monoparentale
Les travailleuses occupant des emplois aux conditions précaires (serveuses, caissières, préposées, éducatrices, travailleuses du sexe, etc.)
Les femmes violentées, agressées, assassinées
Les femmes âgées
Les femmes racisées discriminées dans leurs recherches de logement et à l’embauche
Les femmes qui assument encore une plus grande part des charges mentales liées à l’organisation du quotidien

Toutes les femmes devront déployer encore plus d’efforts pour arriver à arriver.

Et encore, chez notre gouvernement caquiste et sa ministre de l’Habitation refuse de reconnaitre qu’il y a une crise du logement. Il n’y a pas si longtemps, le premier ministre Legault affirmait qu’on pouvait trouver un 3 ½ à Montréal pour 500 $ par mois. Et juste avant lui, monsieur Couillard affirmait qu’on pouvait nourrir une famille de 4 avec une épicerie de 75 $/semaine.

Pendant ce temps, les femmes écopent de plus en plus : liste d’attente interminable pour les garderies, pour les HLM, débordement des demandes en dépannage alimentaire, précarisation grandissante des emplois majoritairement féminins, nombre record et croissant de féminicides dans la province – 26 femmes en 2021, 14 femmes en 2022 –, la table est mise pour une augmentation de la violence économique et conjugale. Les femmes vivant de la précarité économique et de l’instabilité résidentielles sont plus à risque de subir des violences et agressions en tout genre. Les femmes en situation d’itinérance sont surreprésentées au niveau des agressions sexuelles.

Il est urgent de répondre immédiatement aux cris d’alarme et aux revendications des groupes soutenant les femmes, c’est-à-dire :

  • Construire dès maintenant les 50 000 logements sociaux salubres, sécuritaires et répondant aux besoins actuels revendiqués par les groupes communautaires
  • Augmenter le salaire minimum pour qu’il corresponde au coût réel de la vie[2]
  • Augmenter immédiatement le financement des groupes qui soutiennent les femmes selon le cadre de référence du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC)
  • Débloquer les fonds pour la mise sur pied d’un hébergement pour femmes dans l’Est de Montréal qui tient en compte la spécificité de leur situation et les enjeux de sécurité qui leur sont propres.

Les femmes de La Marie Debout unissent leurs voix pour revendiquer et voir naître un bâtiment féministe multifonctionnel sur le terrain Lanctic au coin Jeanne-D’arc et Sainte-Catherine regroupant des logements sociaux, une clinique de santé des femmes, du dépannage alimentaire, etc.

Si le gouvernement actuel ne met pas immédiatement en place les mesures nécessaires pour remédier à la crise du logement et à la pauvreté grandissante de la population, nous nous retrouverons, année après année, avec de plus en plus de femmes assassinées, plus d’agressions et de détresse, un bidonville qui grandit à vue d’œil et plus de gens qui meurent de froid l’hiver.

Texte collectif

[1] Jusqu’à 300 personnes en octobre 2020, https://www.tvanouvelles.ca/2020/10/18/malgre-le-froid-300-personnes-toujours-au-campement-notre-dame (consulté le 7 avril 2022).

[2] Au moins 18 $/heure selon l’IRIS, https://iris-recherche.qc.ca/communiques/communique-revenu-viable-2022/ (consulté le 10 juin 2022).

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