Les activistes rurales costaricaines et leurs luttes
Traduction libre en français à partir du texte rédigé en espagnol (cette version est également disponible dans cet article).
Ces dernières années, j’ai entendu des récits où se répètent des schémas d’invasion et de lutte. De grandes entreprises transnationales sont établies dans les territoires ruraux du Costa Rica pour produire et commercialiser une monoculture (ananas doré, banane, huile de palme).
Ces voisins envahissants mettent progressivement fin aux économies locales en payant des terrains à un prix plus élevé, en détournant les cours d’eau, en contaminant avec leurs déchets et leurs produits chimiques, ce qui affecte l’économie traditionnelle de cette population. Les terres, peu à peu, cessent d’être les leurs et deviennent une force de travail dépendant d’une seule transnationale, ce qui les oblige à travailler pour quelqu’un d’autre, en échange de bas salaires et de conditions de travail déplorables.
Dans ce contexte, les communautés s’organisent pour défendre leurs coutumes et leurs traditions, leurs ressources naturelles, leurs terres, leur nourriture, leur communauté. Et ce sont les femmes qui activent ces luttes, les dirigent et les maintiennent en vigueur pendant de longues périodes, respectant inlassablement leur obligation de protéger ce qui appartient à tous et toutes.
Les femmes rurales activistes sont confrontées à une double vulnérabilité, non seulement parce qu’elles dirigent la communauté (rôle qui implique un grand nombre de risques), mais aussi parce qu’en tant que femmes de zones rurales, la communauté leur réserve un rôle très genré. Ainsi, en étant activistes, elles rompent avec les rôles de genre habituels dans leurs communautés comme prendre soin des enfants, cuisiner, etc.
Les femmes de la région sont confrontées quotidiennement à des stéréotypes de genre qui se traduisent par de multiples violations de leurs droits: harcèlement de rue, différences de salaires, féminicides, insécurité, pour n’en citer que quelques-uns. La vie des femmes rurales est empreinte de stéréotypes de genre que l’on retrouve habituellement dans notre société, mais en plus elles doivent faire avec d’autres stéréotypes reliés à la vie rurale.
Dans certains récits qu’elles ont partagés avec moi, j’ai constaté que, dans ces communautés, il y avait de la résistance à ce qu’une femme soit dirigeante de l’organisation communautaire (beaucoup d’hommes et de femmes partagent ce sentiment). Souvent, les femmes rurales activistes doivent faire profil bas dans leur travail, ou être résistantes et faire fi l’avis des autres. « Il est arrivée qu’ils exigent à une femme de quitter son poste de leader, ils ne croient pas en nous parce que nous sommes des femmes. » (Conversation personnelle, 2016).
Qu’est-ce que les femmes qui luttent ont en commun?
Nombre d’entre elles remplissent des tâches et des fonctions multiples: elles sont chargées des travaux ménagers, elles collaborent aux travaux manuels (l’agriculture dans sa majorité), elles font partie de plus d’un groupe communautaire (beaucoup de personnes luttent à la défense des ressources environnementales, de l’eau ou de la terre) et certaines occupent un poste de leader ou dirigeante. « J’aime beaucoup l’agriculture, aller dans les montagnes et à la rivière. Je profite de la nature, j’aime aller à la campagne, j’aime passer du temps avec eux au travail (…) J’adore le bétail, j’ai récemment mis au monde une vache. Le temps ne suffit pas pour tout ce que je fais, je suis heureuse de pouvoir profiter de chaque instant et de tout ce que je fais » (conversation personnelle, 2017)
Ces femmes font face à une société patriarcale qui ne reconnaît pas leur double ou triple journée de travail. Selon l’Institut National de la Statistique et du Recensement (INEC), elles gagnent 6,2% de moins que les hommes, toutes professions confondues. Chez celles qui se consacrent à la science et aux travaux intellectuels, il atteint une différence de 16,8% (INEC, 2017). Beaucoup n’ont pas l’option de poursuivre leurs études ou leurs projets de vie pour se consacrer aux soins de leurs proches et doivent même interrompre leur carrière en raison de cette obligation sociale. Selon le CCSS, 4 fois plus de diplomes dans des domaines liés aux soins de santé sont accordées aux femmes, qu’aux hommes de cette institution. (CCSS, 2016) « Parfois, je dis que je ne fais pas vraiment ce que j’aime, mais que je fais les choses pour le bien des autres. Je dis que j’aime les aider mais quand je reviens à moi, mon idée c’est d’étudier et de voyager. Je ne l’ai pas encore fait mais j’ai de l’espoir « (conversation personnelle, 2017). Certaines d’entre elles entreprennent à leur insu une lutte au sein de leur foyer pour leur propre autonomie, parallèlement à la lutte pour leurs territoires.
Ce sont des femmes qui connaissent le travail de la terre mais qui ne figurent pas comme titulaire de la terre. Au Costa Rica, selon le dernier recensement agricole (INEC, 2014), les femmes ne détiennent seulement que 8,1% des terres arables, tandis que les hommes en détiennent plus de 91,9%. De la même manière, en termes de nombre de titres de propriété, il y a 93 017 de terres au pays, 80 972 au total appartiennent à des personnes physiques (87%), le reste (13%) étant entre les mains d’entreprises privées. Les terres au nom de personnes physiques sont au nombre de 68 374 (84,4%) exploitées par des hommes; seules 12 598 fermes (15,6%) sont gérées par des femmes. Cependant, les femmes rurales sont également engagées dans les travaux agricoles, l’élevage et les travaux ménagers, jouant un rôle important dans la question de la souveraineté alimentaire. « Depuis l’invention de l’agriculture, elles ont expérimenté, hybridé des semences, sélectionné les aliments comestibles et non comestibles, ont inventé et raffiné la diète, l’art culinaire et ses instruments. À travers cela, elles ont généré les références les plus importantes des cultures et des sociétés d’aujourd’hui. Et ce n’est pas peu de dire: elles nourrissent le monde « (EntrePueblos, 2009, p.17).
Ce qui précède nous indique que les femmes ont moins accès aux titres de propriété. Si on le voit en hectares totaux de toutes les fermes, les femmes ne possèdent que 4,4% de la superficie cultivable du pays (INEC, 2014). Autrement dit, les femmes ont en moyenne des parcelles beaucoup plus petites que les extensions appartenant à des hommes. Suivant cette tendance, l’assistance technique de l’État est une autre des disparités qui ressort lorsque nous analysons les données fournies par la CENI. Sur le nombre total de terres exploitables enregistrées dans tout le pays, les femmes agricultrices ayant bénéficié de l’assistance technique d’un organisme public ou privé ne représentent que 2,7%, contre 17,1% pour les hommes (INEC, 2014). Il n’y a aucun doute sur l’inégalité en termes d’accès à la formation et au soutien technique pour les femmes.
D’une manière générale, et grâce à leurs histoires, j’ai compris que:
Les femmes rurales confrontées à des luttes environnementales sont perçues comme une menace pour l’économie extractive* établie dans notre pays.
Les femmes défenseuses de l’environnement doivent faire face à un environnement hostile, ce qui implique des menaces contre leurs droits et leur intégrité.
Les femmes rurales du Costa Rica sont confrontées à une double, voire une triple vulnérabilité, car elles sont les grandes exclues de l’équation de la logique économique extractive.
Malgré le contexte pas toujours favorable pour ces dirigeantes, beaucoup d’entre elles font un pas en avant et deviennent des ponts d’information et de luttes pour leurs communautés. Elles s’informent, entrent dans des processus de formation sur les questions environnementales, les droits des femmes. Puis, elles retournent dans leurs communautés et appliquent les connaissances acquises, que ce soit dans la lutte pour la protection de l’environnement ou l’élaboration de programmes de prévention. « Ça s’appelle Agroecoturismo rural de Mollejones. Pour le moment je suis secrétaire du groupe (…) nous travaillons sous l’identité juridique des DJA de Mollejones. … Oui l’objectif du groupe est de rendre le territoire de Mollejones durable « . (Conversation personnelle, 2017).
« L’important, c’est que nous avons formé des enfants pour qu’ils soient les défenseurs, nous sensibilisons les enfants, on leur demande de défendre le fleuve, il est très important de leur enseigner la valeur que possède l’environnement » (Conversation personnelle, 2017).
En résumé, les femmes qui composent ces groupes de lutte et de défense de l’environnement sont les principales responsables des améliorations pour la communauté, encourageant la protection et protègent les ressources naturelles, afin que leurs communautés puissent se développer de façon durable.
Un bon jour, viendra-t-il où elles ne recevront plus de menaces et n’auront plus à se battre?
*Économie extractive=c’est une économie basée dans l’extraction massive des ressources naturelles (gaz, mine, pétrole), non pas pour le bien-commun, mais uniquement pour répondre au besoin des marchés financiers qui n’a comme seul but de faire du profit
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De activistas rurales costarricenses y sus luchas
En los últimos años he escuchado historias dónde se repiten patrones de invasión y lucha. Grandes empresas transnacionales se instauran en territorios rurales costarricenses para producir algún monocultivo (piña dorada, banano, aceite de palma) y exportarlo.
Estos vecinos invasores poco a poco acaban con las economías locales, pagando tarifas más altas por el alquiler de terrenos, desviando afluentes de agua, contaminando con desechos y químicos que afectan la economía tradicional de aquella población. Las tierras de a poco dejan de ser suyas, y se convierten en una fuerza trabajadora que depende de una sola transnacional y, por tanto, esto les obliga a trabajar para alguien más, a cambio de salarios bajos y condiciones laborales deplorables.
Dentro de este contexto, las comunidades se organizan para defender sus modos y tradiciones, sus recursos naturales, su tierra, su alimento, su comunidad. Y son las mujeres las que activan estas luchas, las dirigen y mantienen vigentes durante largos periodos, de manera incansable atienden su obligación de proteger lo que es de todos y todas.
Las mujeres rurales que son activistas enfrentan una doble vulnerabilidad debido no sólo a que son lideresas comunitarias (papel que implica per sé una gran cantidad de riesgos), sino también que son mujeres de zonas rurales que están rompiendo con roles de género habituales dentro de sus comunidades.
Las mujeres de la región enfrentamos a diario la imposición de roles de género que se expresan en múltiples violaciones a nuestros derechos: acoso callejero, diferencias salariales, feminicidios, inseguridad-, por mencionar solo algunas. La ruralidad costarricense carga con el mal de esta sociedad y a la vez presenta escenas cargadas de muchos otros estereotipos asociados a nuestro género.
En algunas de las historias que me compartieron identifiqué que en las mismas comunidades existe resistencia a que una mujer sea la líder de organizaciones comunales (muchos hombres y mujeres comparten esta sensación), por lo que muchas veces las mujeres rurales activistas debían tratar de mantener un bajo perfil en sus labores, o ser persistentes y omitir la opinión del resto. “Uno recibe amenaza por parte del pueblo de quitar puestos de mando a las ligerezas, no creen en nosotras porque somos mujeres”. (Conversación personal, 2016).
¿Qué tiene en común las mujeres que lucha?
Muchas de ellas cumplen con múltiples tareas y funciones: se encargan de las labores del hogar, colaboran con trabajos del campo (agricultura en su mayoría) forman parte de más de una agrupación comunitaria (muchas pro defensa de recursos ambientales, el agua o la tierra) y han desempeñado en alguna ocasión un puesto de liderazgo o mando en alguna directiva. “Me gusta mucho la agricultura, ir a la montaña al río. Disfruto la naturaleza, me encanta ir a campar, me gusta andar con ellos en el trabajo (…) Me encanta el ganado, hace poco parió una vaquita y ahí estuve batallando. El tiempo no me alcanza para todo lo que hago, soy feliz disfruto cada momento y todo lo que hago” (conversación personal, 2017)
Estas mujeres se enfrentan a una sociedad patriarcal que no les reconoce sus dobles o triples jornadas laborales, según el Instituto Nacional de Estadística y Censo (INEC) las mujeres ganan 6,2 % menos que los hombres en todas las ocupaciones, y si se especifica en aquellas dedicadas a la ciencia e intelectuales alcanza una diferencia de 16,8% (INEC, 2017). Muchas no tienen opción de seguir sus estudios o proyectos de vida por dedicarse al cuido e inclusive deben interrumpir sus carreras por esta obligación social, según el área de estadística de la CCSS se otorgan 4 veces más licencias de cuido a personas enfermas a las empleadas que a los empleados de esta institución. (CCSS, 2016) “A veces yo digo no hago tanto lo que me gusta, sino que hago las cosas para quedarle bien a otra gente, digo me gusta ayudarlos pero yo digo cuando voy a retomar lo mío, mi idea de estudiar y de viajar, no lo he logrado pero yo aún conservo la esperanza” (conversación personal, 2017). Algunas de ellas sin saberlo emprenden una lucha dentro de su hogar por su propia autonomía a la par de la lucha por sus territorios.
Son mujeres que conocen el trabajo del campo pero que no figuran como titulares de la tierra. En Costa Rica según el último Censo Agropecuario (INEC, 2014) las mujeres tienen solamente el 8,1% del área cultivable, mientras que los hombres tienen más del 91.9%. De la misma forma, en términos de cantidad de fincas (títulos de propiedad), en el país existen 93.017 fincas, un total de 80.972 tienen como condición jurídica la persona física (87%), el resto (13%) están en manos de empresas privadas. Las fincas que están a nombre de personas físicas son 68.374 fincas (84,4%) están dirigidas por hombres; tan sólo 12.598 fincas (15,6%) son dirigidas por mujeres. Sin embargo, las mujeres del campo se ocupan por igual del trabajo agrícola, ganadero y del hogar, figurando como una figura importante en el tema de soberanía alimentaria. “Desde la invención de la agricultura, pieza clave en esta materia, ellas han experimentado, hibridado semillas, seleccionado lo comestible y lo no comestible, preservado de alimentos, inventado y refinado la dietética, el arte culinario y sus instrumentos. A través de esto han generado uno de los más importantes referentes de cada una de las culturas y sociedades. Y no es poco decir: ellas alimentan al mundo” (EntrePueblos, 2009, pág.17).
Lo anterior nos habla de que las mujeres tienen menos acceso a títulos de propiedad. Si lo vemos en total de hectáreas de todas las fincas, las mujeres alcanzan solamente el 4,4% del área cultivable del país (INEC, 2014). Es decir, las mujeres en promedio tienen parcelas mucho más pequeñas en comparación con las extensiones en propiedad de hombres. Siguiendo la tendencia de exclusión, la asistencia técnica por parte del Estado es otra de las disparidades que resaltan si analizamos los datos arrojados por el INEC. Del total de fincas censadas en todo el país dirigidas por mujeres productoras y que recibieron asistencia técnica por parte de algún ente estatal o privado, representan sólo el 2,7%, mientras que en el caso de los hombres es el 17,1% (INEC, 2014). No queda duda de la desprotección que viven las mujeres en términos de acceso a capacitación y apoyo técnico.
En términos generales, y gracias a sus historias comprendí que:
Las mujeres rurales con luchas ambientales son vistas como amenazas por aquellos comprometidos con las economías extractivistas instauradas en nuestro país.
Las mujeres defensoras del ambiente deben enfrentarse a un ambiente hostil, que implica amenazas a sus derechos e integralidad.
Las mujeres rurales costarricenses se enfrentan a una doble y hasta triple vulnerabilidad ya que son las grandes excluidas en la ecuación de la lógica económica extractivista.
A pesar del contexto no siempre tan favorable para estas lideresas, muchas de ellas dan un paso adelante y se convierten en puentes de información y activación para sus comunidades. Se informan, ingresan en procesos de formación sobre temas ambientales, de derechos de las mujeres y luego regresan a sus comunidades y aplican los conocimientos adquiridos, ya sean propiamente en la lucha por la defensa ambiental o desarrollando programas de prevención. “Se llama Agroecoturismo rural de Mollejones. Ahorita soy secretaria del grupo (…) porque trabajamos bajo la cédula jurídica de la ADIs de Mollejones. … Sí el objetivo del grupo es ofrecer el territorio de Mollejones de manera sostenible”. (Conversación personal, 2017).
“Lo importante es que días atrás hemos capacitado a los niños para que los niños sean los defensores, los concientizamos, se les habla a los niños para defiendan el río, es muy importante enseñarles el valor que tiene”. (Conversación personal, 2017).
En síntesis, las mujeres que conforman estas agrupaciones de lucha y defensa ambiental son las principales gestoras para las mejoras de la comunidad, incentivando al resguardo y protección de los recursos naturales, con el fin de que sus comunidades se desarrollen dentro de un marco de sostenibilidad ambiental.
¿Llegará un buen día para ellas, dónde no reciban amenazas y ya no tengan que luchar?
Références
EntrePueblos. (2009). Las Mujeres Alimentan al mundo. Soberanía alimentaria en defensa de la vida y el planeta. Barcelona .
Caja Costarricense del Seguro Social. (2016). Estadísticas actuariales. Incapacidades y licencias. Costa Rica.
Instituto Nacional de Estadística y Censos. (2014). VI Censo Nacional Agropecuario. Costa Rica.
Instituto Nacional de Estadística y Censos. (2017). Encuesta Nacional de Hogares. Costa Rica.
Ulloa, A. (2016). Feminismos territoriales en América Latina: defensas de la vida frente a los extractivismos. Revista Nómadas 45, 123-139. Colombia.
Unidas, N. (2014). Informe del experto independiente sobre la cuestión de las obligaciones de derechos humanos relacionadas con el disfrute de un medio ambiente sin riesgos, limpio, saludable y sostenible. Costa Rica.
Verde, E. (2017). Era Verde. Obtenido de Canal UCR. Recuperado de http://www.canalucr.ucr.ac.cr/era-verde.html