L’ÉVEIL

Louise Miller

J’ai la cause des femmes à cœur. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain mais cela s’est produit graduellement sur plusieurs années. C’est surtout lors des deux années qui ont précédé la Marche mondiale des femmes (MMF) de l’an 2000, que cela a pris plus d’ampleur pour moi. À partir du moment où j’ai pris connaissance des revendications québécoises et internationales, c’est là que je me suis vraiment réveillée et que j’ai eu le goût d’en apprendre davantage sur les conditions de vie des femmes du monde.

Je me souviens que la MMF de l’an 2000 avait mobilisée 5 500 groupes participants répartis dans 163 pays et territoires. C’était pour moi un moment historique qui avait fait participer énormément de femmes, chacune à sa manière. J’étais à quelques-unes de ces marches, dont le grand rassemblement tenu à Montréal le 14 octobre 2000. Je trouvais cela beau et émouvant. Lors de la clôture de la Marche le 17 octobre 2000, je me trouvais à New York avec le Centre de femmes que je fréquentais. Je n’y étais jamais allée et je regardais de tous mes yeux. Il y a eu des moments forts que je n’oublierai jamais, comme la chaîne humaine des femmes provenant de tous les pays devant l’ONU. De main en main, nous faisions circuler les boîtes et les sacs de pétitions et de cartes postales, réclamant de meilleures conditions de vie pour les femmes du monde entier. C’était destiné au Secrétaire général des Nations Unies, monsieur Koffi Annan. Aussi ce que j’ai beaucoup aimé, c’était d’être en bordure du trottoir avec d’autres femmes. Nous tenions de grandes bannières, les marcheuses défilaient sous nos yeux. Nous étions au moins 10 000 marcheuses du monde entier à faire entendre nos voix, toutes unies pour une même cause. J’avais juste à tendre la main pour les toucher, nous faisions le signe de la paix. Et de les voir, ces femmes africaines, avec leurs magnifiques costumes! À la fin du défilé, celles qui tenaient les bannières ont fermé la marche. C’était très beau, jamais je n’oublierai. Nous étions solidaires les unes des autres.

Louise Miller était aussi présente à New York en 2000
Louise Miller était aussi présente à New York en 2000

À cette époque, je faisais également partie du comité de la condition féminine de l’hôpital où je travaillais. Nous avons beaucoup parlé de la MMF de l’an 2000 et nous avons fait des actions de sensibilisation à la cause des femmes. Le 12 octobre 2000, nous avons fait une marche symbolique autour des établissements sur le terrain de l’hôpital. Cette marche coïncidait avec celle des quartiers de l’est de Montréal. À New York, lors de la Marche du 17 octobre, j’ai d’ailleurs revu des membres du comité de la condition féminine

Ce que je retiens de cette période, c’est que durant la MMF en l’an 2000, les femmes de la planète ont réussi le tour de force de se solidariser et de se comprendre. À ce jour, aucun gouvernement mondial n’a réussi à faire ce que les femmes de 163 pays du monde ont fait en l’an 2000. En effet, peu importe les barrières linguistiques, les différences de traditions et de cultures, peu importe les océans qui nous séparent, les femmes ont réussi à entrer en contact, à se comprendre et à communiquer. Ce fut la plus grande réussite de cette marche. Et ça continue! Les femmes sont plus que jamais conscientisées et mobilisées.

En 2005, il y a eu une autre marche, avec le relais de la Charte mondiale des femmes pour l’humanité. Tout au long du relais, la Courtepointe de la solidarité a traduit en images la Charte mondiale des femmes dans toute leur diversité. Le 7 mai à Québec, c’était à notre tour de l’accueillir; nous étions environ 15 000 femmes. Et moi, j’y étais! Pour moi, cette courtepointe était beaucoup plus qu’un bout de tissu. Elle dégageait une énergie qui provient de son passage à travers le monde. Elle est faite de la vie de toutes ces femmes. Elle est faite de leur sang, de leurs souffrances et aussi de leurs désirs, de leurs rêves et de leur espoir en un monde meilleur. Tout cela s’est inscrit sur la courtepointe au fur et à mesure qu’elle a circulé à travers le monde et elle s’en est imprégné. Si la Courtepointe pouvait parler, elle aurait bien des choses à raconter.

En parallèle, les centres de femmes de Montréal ont fabriqué de belles courtepointes colorées. J’ai beaucoup aimé ces courtepointes qui représentaient à leur façon les cinq valeurs de la Charte : l’égalité, la solidarité, la liberté, la justice et la paix.

En 2010, j’ai participé à une autre MMF qui s’est terminée le 17 octobre à Rimouski. Nous étions 17 000 marcheuses et marcheurs, c’était magique, coloré, tellement dynamique. Nous sommes en route pour une autre MMF qui sera lancée le 8 mars 2015.

Maintenant, la longue marche des femmes continue. Les femmes représentent la moitié du monde, aspirent à une société de partage, de justice et d’égalité. Elles veulent vivre partout dans un monde de paix, et surtout être enfin libres de s’instruire, libres de travailler, libres tout simplement de VIVRE. Elles aspirent à cela pour elles-mêmes, pour leurs enfants et pour toutes celles et ceux qui viendront après elles dans les générations futures, pour un monde meilleur. Nous aussi, nous faisons partie de l’Histoire. Nous sommes femmes du passé, du présent et du futur, et c’est maintenant notre tour de passer le flambeau à celles qui nous suivront…
Il y a un slogan et une phrase d’une chanson qui m’inspirent beaucoup, les voici : « On cultive la paix, on sème l’espérance. Ensemble, on déracine la violence. Célébrons nos rêves et nos vies. Refusons la violence ; trop de femmes en ont payé le prix.»(Extrait de la chanson internationale de la MMF 2000.)

Voilà où j’en suis dans mon cheminement. J’ai le désir de continuer d’apprendre, de connaître et de m’impliquer pas seulement parce que j’aime cela, mais surtout parce que je crois en ce que nous faisons. SORORITÉ*!

La marche de 2010
La marche de 2010

* fraternité au féminin

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