Ambivalence, peur, débat, ouverture et prise de position sur la question du voile
Depuis toujours la séparation de l’Église et de l’État est pour moi d’une importance capitale. Mais les débats entre 2007-2016, sur les «accommodements raisonnables et la question du voile le hidjab» , m’ont fait bouillir dans le creuset de l’ambivalence. C’était devenu insoutenable !
Je me suis donc remise en question et ai débuté une lecture d’écrits de musulmanes engagées, féministes d’ici et d’ailleurs. Les récits et témoignages de ces femmes m’ont énormément confrontée à mes préjugés. J’ai senti durant une lecture que je résistais à comprendre ce que je lisais….. Comment donc en étais-je arrivée là ?
Je dus admettre qu’il me fallait ouvrir une fenêtre, désirer l’ouvrir pour bien entendre ce que ces femmes me disaient et laisser émerger le doute puis réaliser la contradiction dans laquelle j’étais.
De 2015 à 2019, plusieurs projets de Loi sur la neutralité religieuse sont déposés, sanctionnés puis contestés. Finalement c’est à l’automne 2019 que la Loi sur la Laïcité, déposée par la CAQ majoritaire, sera adoptée. Cette loi interdit aux musulmanes voilées d’enseigner au Québec.
Au printemps 2019 j’échange avec l’équipe des travailleuses de mon centre de femmes sur la nécessité de parler de nos préjugés, de nous accueillir dans nos idées préconçues. Le meilleur endroit pour tout déposer et être entendues sans être jugées à priori. N’est-ce pas dans notre centre de femmes !?
À l’automne 2019 et hiver 2020, Maud Pontel ( formatrice en relations interculturelles ) est invitée à LMD pour animer 2 formations traitant du processus migratoire et sur l’inclusion de toutes les femmes.
Elle nous informe avec brio du processus qui donne naissance aux préjugés. Très souvent c’est la peur de l’autre, l’autre qu’on ne connaît pas ou connaît mal……c’est l’ignorance. Peur et ignorance sont souvent à la naissance de nos opinions préconçues.
Les membres du C.A. ont tenu un échange libre et transparent sur la question du voile. Ce partage dans un climat d’ouverture partagée m’a permis de préciser, de reconnaître une valeur à laquelle je tiens mordicus. Je suis contre la discrimination.
Je ne m’interdis pas d’avoir une opinion sur le voile mais je n’ai pas à décider, à la place de ces femmes, du droit de le porter ou non.
De 1972 à aujourd'hui, du théâtre engagé aux centres de femmes, en passant de longues années à militer à l'intérieur du mouvement syndical et d'un groupe de gauche, je suis depuis les années 1980 fortement interpellée par le droit des femmes à avoir accès à des services professionnels, sécuritaires et gratuits d'avortement. Ma rencontre et ma collaboration avec le mouvement des femmes a été pour moi, et le demeure, une étape très significative dans mon engagement social, politique et féministe.