Cachez ces gouttes que je ne saurais contenir, ou l’incontinence urinaire chez les femmes
Vous est-il déjà arrivé d’avoir à vous serrer les jambes pour ne pas laisser tomber quelques gouttes pendant un fou rire? Ou encore d’éprouver un sentiment de gêne parce que vos éternuements vous ont laissé un brin de désarroi au fond de la petite culotte? Eh bien rassurez-vous, vous n’êtes pas seules! Bien que présente chez les hommes, l’incontinence urinaire touche une femme sur trois avant 60 ans. Passé cet âge, vous êtes une sur deux a éprouvé ce même sentiment de gêne (OPPQ, 2016). Voyons un peu de quoi il s’agit.
Qu’est-ce que l’incontinence urinaire?
L’incontinence urinaire, ou la diablesse couleur paille, se définit par des pertes d’urine qui surviennent de façon involontaire et souvent incontrôlable. Il est très pertinent de préciser ici que l’incontinence urinaire N’EST PAS UNE MALADIE. Il s’agit plutôt d’un symptôme. La différence entre les deux? Pour la maladie, on parle de changement dans l’état de santé plus ou moins sévère. Autrement dit, elle bouscule votre équilibre, votre homéostasie.
Il est clair que l’incontinence bouscule notre bien-être, mais c’est plutôt le signe observable d’un changement dans notre corps. Un symptôme est donc la façon de déterminer s’il y a maladie ou changement.
L’incontinence revêt différents chapeaux. Elle peut survenir lorsqu’il y a un effort ou une pression au niveau de l’abdomen. Elle, c’est la plus populaire. On tousse, ça coule; on rit, ça coule; on éternue; ….. voilà! Plusieurs d’entre nous s’y reconnaissent.
L’incontinence d’urgence, quant à elle, nous fait courir plusieurs fois par jour et par nuit jusqu’aux toilettes. Quelques fois, l’envie nous bat à la course et le changement de culotte est de mise.
Vous pouvez avoir gagné le jackpot et avoir les deux combinées : l’incontinence à l’effort et l’incontinence d’urgence. On dit alors qu’elle est mixte et elle constitue le type d’incontinence le plus populaire après celle à l’effort.
Chez monsieur, la diablesse peut aussi s’immiscer. En effet, en raison de l’augmentation du volume de la prostate, il accumule plus d’urine que la vessie peut en contenir et il peut alors y avoir fuites. On parle d’incontinence par regorgement.
Enfin, chez certaines personnes, hommes ou femmes, qui présentent des déficits ou des troubles aux niveaux cognitifs ou physiques, on parle d’une incontinence fonctionnelle.
Les causes
Comme l’incontinence porte différents titres, elle peut avoir bien des causes possibles. Parlons ici de facteurs de risques plutôt que de causes puisque les éléments que vous lirez dans les prochaines lignes n’entraînent pas automatiquement l’incontinence urinaire.
Pourquoi la femme est-elle plus touchée par les frasques de la diablesse? C’est parce que la région pelvienne, de par sa physionomie, est plus fragilisée que celle de l’homme. Prenons par exemple un bout de tissu avec un trou en son centre. Mettons-y maintenant quelque chose de lourd; une pinte de lait. Prenez ensuite ce même tissu et ajoutez-y deux autres trous. Si on y met la pinte de lait, y a-t-il plus de chance que le tissu à trois trous s’affaisse et laisse tomber le lait? Oui! À l’instar de notre tissu, le plancher pelvien de la femme serait fragilisé à cause des trois orifices qui s’y trouvent: l’anus, le vagin et l’urètre. Cette fragilisation entraîne l’affaiblissement des muscles de la vessie et des sphincters. Si les muscles s’affaissent, ils retiennent moins solidement les organes et c’est ici que nous parlons de phénomène comme la descente de la vessie. Outre la fragilisation naturelle du plancher pelvien, la diminution d’oestrogène pendant et après la ménopause peut aussi affaiblir les sphincters qui retiennent l’urine dans la vessie. L’âge et la ménopause représentent donc des facteurs de risques de l’incontinence urinaire.
Pour d’autres plus jeunes, l’accouchement vaginal, les sports avec impacts répétés ou toutes interventions chirurgicales gynécologiques peuvent entraîner la fatigue du plancher pelvien et, du même coup, l’incontinence.
Il existe plusieurs autres facteurs de risques comme les infections urinaires répétées, les troubles respiratoires qui entraînent de la toux, la constipation, l’obésité (qui crée une pression constante sur la vessie), et même l’alcool et le tabac. Ces dernières substances irritent les tissus et augmentent, semblerait-il, les contractions de la vessie.
Les traitements
Plusieurs avenues de traitement sont possibles quand on parle d’incontinence urinaire. Comme nous privilégions surtout ce que nous pouvons changer, voyons ensemble certaines modifications dans nos habitudes de vie qui pourraient, à elles seules, soulager la diablesse.
Tout d’abord, il est important de reconnaître et d’identifier la cause de l’incontinence urinaire. Le choix du traitement sera ainsi plus simple.
Vous souffrez de surpoids et avez un mode de vie plutôt sédentaire? Les activités physiques régulières et une perte de poids pourraient vous aider à diminuer la pression sur la vessie et le plancher pelvien.
Vous consommez un peu trop l’alcool, de café ou de boissons gazeuses? Comme ces substances irritent la vessie, diminuez-les et le risque d’incidence d’incontinence risque de réduire aussi.
Rappelez-vous de consommer régulièrement de l’eau et des fibres, de faire des exercices plus légers comme la marche ou la natation et de maintenir un poids santé. Il n’y a pas de secret, un corps dont on prend soin est un corps sain.
On nous le répète: “Modifiez vos habitudes de vie et vous serez plus heureux!”, mais manger du kale et boire du lait d’amande suffisent-ils à régler la situation gênante des gouttes imprévues dans la culotte? Peut-être que oui, peut-être que non. Saviez-vous que les physiothérapeutes ne travaillent pas uniquement pour les grands sportifs? En effet, certaines d’entre elles se spécialisent dans la rééducation périnéale. Et elles sont bonnes! Elles vous aideront à prendre la diablesse par les cornes et vous offriront un suivi adapté à vos besoins et vos objectifs.
Si on vous dit les mots pressaires ou cônes, vous y reconnaissez-vous? Les pressaires et les cônes sont des approches alternatives, un peu à l’image du diaphragme contraceptif, que l’on insère dans la partie supérieure du vagin. Il doit être retiré de un à plusieurs jours après l’insertion pour son nettoyage. Si cette avenue vous intéresse, discutez-en avec votre médecin. Il faut une prescription pour ces soutiens.
Enfin, sachez qu’il existe des alternatives médicamenteuses et chirurgicales. Bien que nous ne les expliquerons pas en détail ici, sachez que ces alternatives existent. N’ayez pas peur d’en discuter ouvertement avec votre médecin. C’est lui ou elle les mieux placés pour vous guider à travers le jargon des pilules, granules et bistouri.
Une petite note au sujet des sous-vêtements d’incontinence
Il est vrai qu’il peut être intimidant de porter la culotte. Certaines utiliseront plutôt la serviette hygiénique. Ce n’est pas une bonne idée! Les serviettes hygiéniques du commerce ne sont pas faites pour contenir l’urine. Plutôt que d’absorber, elles créent un environnement humide qui pourraient fragiliser la peau de la vulve et entraîner la formation de plaies. Notez qu’un milieu humide favorise le développement d’infections urinaires, que les infections urinaires peuvent irriter les voies urinaires….qui peuvent à leur tour entraîner quoi? Eh oui, l’incontinence urinaire. Avec les Kotex, on est pas sorties du bois comme on dit!
Le mot de la fin
Avant de conclure, je voudrais préciser que le surnom de la diablesse a été donné en référence à l’incontinence urinaire de façon sarcastique. Cette situation n’a rien de diabolique, de laid ou de honteux. Bien qu’elle apporte avec elle son lot de gênes et d’inconforts, mesdames, cessez de la percevoir comme l’ennemi. Au contraire, essayons de la percevoir plutôt comme une occasion unique d’en apprendre encore plus sur cette magnifique machine qu’est le corps humain et à tous les plaisirs qu’il sait nous apporter. Aimons-le, soignons-le, diablesse ou pas!
Caroline animera un échange de savoirs à La Marie Debout sur ce sujet le 26 février prochain. Inscrivez-vous! 514-597-2311
Les ressources
Testez vos connaissances! https://oppq.qc.ca/blogue/incontinence-urinaire-et-fausses-croyances/
Pour approfondir vos connaissances: http://www.canadiancontinence.ca/FR/types-incontinence-urinaire.php
Pour en apprendre plus sur les pressaires: https://www.chumontreal.qc.ca/sites/default/files/2018-06/395-1-Le-pessaire-pour-traiter-descente-organes-ou-fuite-urine.pdf
Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec: https://oppq.qc.ca/blogue/traiter-incontinence/
Des petits trucs ici pour les futures mamans qui éprouvent les relents de la diablesse: https://oppq.qc.ca/blogue/incontinence-femme-enceinte/
Super bel article de Caroline Vincent, elle explique simplement un problème qui concerne les femmes et nous rassure en nous donnant les moyens à pratiquer pour améliorer notre santé.A un problème, il y a toujours une solution.J’ai été impressionnée par son talent de communicatrice et ses connaissances percutantes sur ce problème, elle sait nous mettre en confiance et cela est rassurant surtout en ce qui concerne la santé des femmes.Une belle découverte et un plus pour La Marie Debout. .