La Presse n’est PLUS

Véronique Morel

Pour être PLUS, La Presse ne sera plus. Les jours de semaine à compter de janvier 2016.

J’ai grimpé dans les rideaux à la lecture de cette annonce. Encore une fois, les « branchés aux tablettes et téléphones intelligents » gagnent du terrain et tassent dans le coin les « ordinaires » qui se salissent les doigts à tourner les pages de leur quotidien.

Ça m’a choquée. Quel mépris pour les personnes, âgées et jeunes, qui ne sont pas connectées, peu importe la raison! Je pensais à ma mère, une fidèle lectrice de La Presse, qui ne trouverait plus son journal déposé sous sa porte tous les matins de la semaine. Pour me pomper davantage, rien de mieux que d’en jaser avec elle.

J’espérais la voir s’arracher les cheveux d’être traitée de la sorte. Pourtant, il me semble que je connais ma mère! Je ne m’attendais pas à la réaction qu’elle m’a servie!

Tu te rappelles, qu’elle me dit! Je m’étais réabonnée en 2010, lors du tremblement de terre en Haïti. Sans télé ni radio ni journal à me mettre sous la dent à cette époque, par choix, j’avais pris connaissance de ce drame une dizaine de jours après la survenance des événements. On ne m’y reprendrait plus à ignorer ce qui se passe dans le monde. Et là, on le retire. Bien sûr que ça m’attriste. Je compte sur vous tous pour me tenir au courant de l’actualité quand vous me visiterez.

Bon, je ravalais un peu. Elle n’était pas fâchée.

Tu sais, ça fera moins d’arbres coupés. Ça donnera un coup de pouce à l’environnement!

Vu sous cet angle!

Et puis, je suis encore jeune. Je peux apprendre plein de belles choses.

Là, elle m’a eue. J’ai éclaté de rire et l’ai embrassée. À 93 ans, ma mère-philosophe réagit de cette façon à un changement important dans sa vie. C’est vrai qu’elle est jeune!

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