Quand des féministes célèbrent la Journée nationale des centres de femmes du Québec

Ghislaine Sathoud

La dixseptième édition de la Journée nationale des centres de femmes du Québec se tiendra le mardi 1er octobre 2019 sous le thème « Le travail invisible et la charge mentale, ça nous colle à la peau! ».

Les centres de femmes : nous sommes nombreuses à « dépouiller » les programmations dans le but de participer, chacune à sa manière, aux ateliers d’éducation populaire proposer dans ces lieux qui évoquent de multiples facettes de nos vies…

Je ne peux m’empêcher de mentionner que, durant la même période, les femmes seront à l’honneur sur toute l’étendue du territoire canadien. Pendant tout le mois d’octobre, toutes les provinces du Canada souligneront le « Mois de l’histoire des femmes » …

En tant que militante féministe de longue date, je me sens particulièrement concernée par cette commémoration. Mes expériences réalisées comme militante et travailleuse au sein du mouvement des femmes du Québec m’offrent plusieurs raisons pour souligner, moi aussi, à ma manière, cette activité. En fréquentant plusieurs centres de femmes, dans plusieurs régions du Québec, j’ai eu l’opportunité de me familiariser avec les réalités vécues par des « femmes d’ici et d’ailleurs ». Mais ce n’est pas tout : ces échanges me permettaient – et c’est toujours le cas d’ailleurs ! – de présenter des communications, voulant ainsi lever le voile sur des aspects souvent méconnus du parcours migratoire …Sathoudmaux

Ma pièce de théâtre, « Les maux du silence », qui était sélectionnée et représentée, au mois d’octobre 2000, est une illustration parfaite de mes propos évoqués plus tôt.  Lors de la clôture de la première édition de la Marche mondiale des femmes, la représentation de mon texte révélait des réalités spécifiques, souvent méconnues, vécues par les femmes immigrées. Je le répète constamment : il faut agir, occuper toutes les tribunes pour réaliser des actions pour effectuer un travail de sensibilisation afin d’atteindre un plus large public. Par exemple, si je m’en tiens à mon expérience personnelle, les centres des femmes ouvrent leurs portes et offrent de l’écoute à toutes les femmes …

Pour la petite histoire, il faut préciser que, depuis 2003, la Journée nationale des centres de femmes se déroule partout dans la province du Québec. En tant que Québécoise issue de l’immigration, je dois préciser que cet événement fait remonter de « vieux souvenirs », ceux qui mettent en lumière mes premiers pas dans ma société québécoise. Bien entendu, il fallait apprendre des « codes » différents de mes habitudes dans mon Afrique natale où dans mon pays d’origine, le Congo, avant de venir m’établir ici. Cette installation s’est faite depuis plus de vingt ans déjà. Toutefois, les souvenirs, eux, restent intacts ! Comme on le dit si bien de ce côté de l’Atlantique, au Québec, «Je me souviens»…

J’ai posé mes valises dans la province francophone du Canada depuis bientôt un quart de siècle. Lorsque, quelques jours seulement après mon arrivée au Canada, je poussais la porte du Centre des femmes immigrantes de Sherbrooke, j’étais une nouvelle arrivante. J’étais là-bas, dans les Cantons de l’Est, pour entreprendre des études universitaires. En ce temps-là, j’étais loin d’imaginer que ma présence dans cette « maison des femmes » était le début d’une longue histoire. Bien entendu, mes convictions féministes orientaient mes décisions d’intégrer telle ou telle organisation. Au même moment, je devenais aussi membre de la section sherbrookoise de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS).

Lorsque j’étais arrivée à Montréal, mes habitudes n’avaient pas changé. Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, mes contacts avec plusieurs centres de femmes devenaient une activité incontournable.

Je me souviens d’un atelier auquel j’avais participé au centre de femmes « La Marie Debout » qui se trouve à Montréal dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Ce jour-là, la politicienne Louise Harel, une figure marquante de la scène politique québécoise, venait s’entretenir avec les femmes. J’ai gardé un souvenir impérissable de cette rencontre qui, de mon point de vue, était enrichissante, tant sur plan personnel que professionnel. En effet, pendant que j’occupais des fonctions professionnelles dans des organismes féministes je trouvais, à maintes reprises, des « arrangements » pour maintenir mes implications dans les centres de femmes. À ce propos-là, outre mes expériences accomplies en dehors du réseau féministe, j’ai aussi travaillé pour des organisations comme la Fédération des femmes du Québec (FFQ), le Réseau Québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF), la Comité Priorité Violence conjugale (CPVC), le Cran des femmes …

Au regard de ce qui précède, ces nombreuses années passées dans les centres de femmes, où j’ai eu l’opportunité de côtoyer des femmes, toutes origines confondues, ont été des formidables occasions de partage et d’enrichissement mutuel. Par conséquent, j’ai également réussi à accumuler et approfondir mes connaissances au sujet des réalités vécues par les populations féminines.

Je participe activement, collectivement et individuellement, aux activités visant à « changer le monde des femmes ». Quand vient le temps de promouvoir et défendre les droits des femmes, mes observations et actions se basent sur des concepts comme l’analyse différenciée selon les sexes (ADS) et l’analyse comparative entre les sexes (ACS).

En définitive, la Journée nationale des centres de femmes du Québec est une occasion à saisir pour réaliser des réflexions sur le rôle ô combien important de ces instances où les travailleuses accueillent leurs congénères pour parler des réalités qui touchent les femmes dans des domaines variés de la vie quotidienne. Dans un monde où la marche vers l’égalité des sexes continue de délier les langues, les centres des femmes du Québec, qui accueillent chaque année des milliers de personnes, jouent un rôle essentiel, favorisant ainsi la prise de conscience des militantes qui veulent se réapproprier le pouvoir de décider de leur vie…

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