Café actualité – Sujet de février : La vie maritale à l’aide sociale
Les cafés actualité ont lieu une fois par semaine à La Marie Debout. C’est l’occasion d’échanger sur les actualités locales ou internationales, avec une lunette féministe et militante!
Dans le cadre du projet « Éclairer l’actualité : perspectives critiques par et pour les femmes aînées », les participantes du café actualité choisissent à chaque mois, un sujet qui a marqué l’actualité du mois précédent et l’analysent. Ultimement, elles produiront une revue annuelle 2024 de l’actualité féministe qui sera présentée sous format « balado en direct » lors du 8 mars 2025. Les femmes tiennent tout de même à laisser un petit avant-goût de leur travail. Vous trouverez donc sur le blogue Marie Langagée, les comptes-rendus des sujets choisis mois après mois, issus de l’analyse des participantes.
Le mois de février: La vie maritale à l’aide sociale.
Qui dit février dit St-Valentin, fête de l’amour. Alors pourquoi à l’aide sociale, « la St-Valentin rime avec pétrin » ? C’est le slogan choisi par un collectif d’organismes communautaires pour dénoncer les mesures abusives auprès des personnes à l’aide sociale concernant leur vie amoureuse (ou le droit à une vie amoureuse).
Le groupe de femmes du café actualité a voulu comprendre ce que représente la vie maritale à l’aide sociale puisque c’est une réalité peu connue, et surtout parce que ce sont les femmes qui sont particulièrement touchées ! Elles ont décortiqué le sujet pour mieux saisir tous les enjeux. Elles ont visionné un documentaire où des intervenant.e.s militant.e.s de longue date décrivaient l’histoire et l’origine des mesures mises en place pour établir la notion de vie maritale en plus des impacts et des conséquences graves pour les femmes et toutes les personnes à l’aide sociale.
C’est dans les années 80 que le Parti libéral a annoncé 100 millions de coupures à l’aide sociale et a instauré un programme de vérification par des visites à domicile sans préavis chez les prestataires, et les femmes étaient les premières visées. L’objectif était de déterminer si elles vivaient une relation amoureuse, que le copain vive ou non avec elle. Si c’était le cas, elles voyaient leurs prestations diminuées ou complètement annulées.
Évidemment, encore aujourd’hui, cela a des impacts considérables dans la vie des prestataires qui peinent déjà à subvenir à leurs besoins de base : pauvreté, dettes, isolement, solitude, dépression, voire même de l’itinérance étant donné la réalité désastreuse au niveau du logement et des préjugés des propriétaires envers les prestataires. Il est quasi impossible de s’en sortir, et encore moins si on crée plus de pression lorsque des personnes s’entraident ou cohabitent pour diminuer les frais des besoins de base.
L’État pénalise les personnes marginalisées en invoquant des normes issues d’une autre époque sur le statut de vie maritale pour les défavoriser davantage. D’un côté, le gouvernement refuse de donner aux personnes un montant d’argent suffisant pour bien vivre car cela pourrait prétendument les décourager d’intégrer le marché du travail. De l’autre, dès que les personnes essaient de s’entraider pour survivre, le gouvernement cherche à les pénaliser par tous les moyens, notamment en recourant à une notion aussi arbitraire que la vie maritale.
Pour trouver un emploi, il faut avoir un revenu suffisant qui permet de se déplacer en transport en commun, des moyens de communication avec des employeurs soit par téléphone et internet, des vêtements adéquats, un milieu de vie stable et bien manger. C’est la base aujourd’hui.
Les femmes ont visionné d’autres vidéos faites sur le sujet par des groupes de femmes issues d’organisations de défense des droits et de lutte à la pauvreté, qui les ont aidé à mieux saisir les réalités personnelles des personnes qui ont subi des enquêtes abusives, du harcèlement, des coupures du Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, ainsi que des conséquences majeures dans leur réalité.
Elles ont eu une franche discussion sur les préjugés qui ont circulé et circulent encore tant dans les médias qu’auprès de la population générale et comment les gouvernements ont contribué à renforcer ces préjugés. Pour ce faire, nous avons fait un débat en formant deux groupes dont l’un y allait de questions au sujet de la notion de vie maritale, puis, en nommant plusieurs préjugés pour que la partie adverse puisse répondre, réagir, informer, clarifier et démystifier les préjugés. Cela a été très intéressant et dynamique comme moyen d’approfondir le sujet ! Plusieurs ont pu constater qu’elles avaient peu d’information sur le sujet et que cela les avait aidées à mieux saisir la réalité de certaines personnes de leur entourage.
Le groupe de femmes du café actualité a exprimé sa rage envers les gouvernements qui, encore aujourd’hui, n’offrent pas des prestations suffisantes pour permettre aux personnes de s’en sortir vraiment, les maintenant donc dans un état de pauvreté et une spirale vers le bas. L’application de la notion de vie maritale crée plus de pauvreté et contribue à multiplier les problèmes sociaux à plusieurs niveaux pour toustes les prestataires, mais disons-le, en réalité cela touche majoritairement (principalement ?) les femmes. Et, l’amour dans tout ça ??? C’est un droit ? En fait, nous déclarons que ce n’est pas l’affaire du gouvernement de décider qui a le droit à l’amour dans la société. Ça relève de la vie privée. Nous sommes donc solidaires avec le mouvement collectif des organismes communautaires qui militent pour l’abolition de la notion de vie maritale à l’aide sociale !
De plus, nous sommes solidaire avec les revendications formulées par des comités de femmes relatives au statut de vie maritale à l’aide sociale dans le cadre de la réforme de la loi à l’aide sociale qui est en cours de réalisation.
–un chèque = une personne, qui répond aux besoins de base
–abolir rétroactivement toutes les dettes en lien avec le statut de vie maritale
–établir le statut de vie maritale seulement lorsque les personnes se déclarent conjointes
–cesser la surveillance accrue des personnes
« Notre revendication est simple : un chèque par personne. C’est une question d’autonomie et de dignité. »
Pour aller plus loin :
https://pivot.quebec/2023/02/14/letat-fait-payer-cher-lamour-aux-personnes-assistees-sociales/
https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=1192231635087797
https://www.pauvrete.qc.ca/document/lassistance-sociale-en-tableaux/
https://www.pauvrete.qc.ca/prejuge-2-les-pauvres-sont-des-fraudeurs-et-des-profiteurs/
Marie Langagée regroupe tous les textes collectifs et anonymes.