Café actualité – sujet de septembre : L’Affaire Mazan


Les cafés actualité ont lieu une fois par semaine à La Marie Debout. C’est l’occasion d’échanger sur les actualités locales ou internationales, avec une lunette féministe et militante!
Dans le cadre du projet « Éclairer l’actualité : perspectives critiques par et pour les femmes aînées », les participantes du café actualité choisissent à chaque mois, un sujet qui a marqué l’actualité du mois précédent et l’analysent. Ultimement, elles produiront une revue annuelle 2024 de l’actualité féministe qui sera présentée sous format « balado en direct » lors du 8 mars 2025. Les femmes tiennent tout de même à laisser un petit avant-goût de leur travail. Vous trouverez donc sur le blogue Marie Langagée, les comptes-rendus des sujets choisis mois après mois, issus de l’analyse des participantes.

Lorsqu’est venu le temps de choisir le thème à discuter pour le mois de septembre, la décision fut unanime. Malgré la lourdeur du sujet, comme centre de femmes, on ne pouvait esquiver l’onde de choc que provoque actuellement le procès des viols de Mazan en France. Pour mettre la table, nous avons écouté l’entrevue de Laïma A. Gérald accordée à Geneviève Pettersen dans le cadre de son balado Ça va aller loin du 5 septembre. Laïma y faisait un rappel des événements et amenait également plusieurs éléments pour poser une analyse féministe à l’horreur de l’histoire.
« L’électro-choc de société » pour rappeler les propos de Josée Blanchette à l’émission de Tout le monde en parle le 22 septembre, est causé par le caractère inimaginable des actes posés à l’égard de Gisèle Pelicot victime de viols sous soumission chimique pendant une dizaine d’année et perpétrés par une cinquantaine d’hommes – dont son mari – qui est par ailleurs accusé d’avoir orchestré toute cette sordide affaire. On peut malheureusement penser que l’horreur se produirait encore à ce jour n’eût été la vigilance d’un agent de sécurité qui, en septembre 2020, surpris le mari de Gisèle Pelicot en train de filmer sous les jupes de clientes à leur insu qui ultimement mena à son arrestation et à la découverte de centaines de vidéos compromettantes dans son matériel informatique.
Malgré que les autorités soient impliquées depuis le départ dans le dossier et que de nombreuses preuves incriminantes soient rassemblées pour appuyer la cause de Mme Pelicot, plusieurs se permettent de remettre sa parole en doute. C’est absolument déplorable! Tout y passe : « Gisèle est une libertine », « Son mari était consentant », « Trois minutes ce n’est pas un viol ». Que de propos absurdes qui tentent de rationaliser les gestes, mais qui ne font que révéler au grand jour les travers de notre société patriarcale et la culture du viol. Tant d’inquiétudes également de (re)constater qu’il n’y a pas de profil type de l’agresseur et que des violences sont trop souvent subies dans des endroits où nous sommes sensées nous sentir en sécurité comme femme.
Les aspects déroutants de l’Affaire Mazan ont amené les femmes du café-actualité à essayer de s’ancrer. Elles ont fait des liens entre l’Affaire Mazan et des concepts au cœur des luttes féministes : le patriarcat, les violences systémiques envers les femmes, la culture du viol et le masculinisme. Elles ont aussi nommé la force dans la dignité de Gisèle Pelicot et sa position d’empowerment, elle qui se présente à son procès à visage découvert, laisse entrer les caméras, regarde le spectateur droit dans le yeux… Elles étaient sans équivoque : « La honte doit changer de camps »
En parallèle, les femmes ont discuté de la saga entourant le mot-clic #boucheouverte et tête penchée qui a entrainé bien malgré elle, la chercheuse, autrice et documentariste Léa Clermont-Dion dans une tempête sur les réseaux sociaux à la suite d’un commentaire complètement déplacé de l’auteur-compositeur Stéphane Venne. Ce dernier, de façon totalement décomplexée, a critiqué une photo de Mme Clermont-Dion à coup de propos parsemés de stéréotypes sexistes et disons-le rétrogrades en affirmant que la photographie d’une femme à la bouche légèrement entrouverte est une forme d’ « invite ». En café-actualité on a pas voulu donné plus de visibilité aux propos et nous nous sommes davantage intéressées à la solidarité qu’a entrainé cet événement. En effet, plus de 200 personnes ont publié sur les réseaux sociaux des photos d’elles – et eux! – avec le #bouche ouverte et la tête penchée, pour « répondre à la misogynie qui ne dort jamais » (Le Devoir).

Pour clore la couverture de la thématique en café-actualité nous avons parlé d’une bonne nouvelle! Fiou, on les prend quand elles passent. Depuis quelques semaines : « Le contrôle coercitif est maintenu reconnu comme une forme de violence familiale dans la Loi sur le divorce au Canada et dans la plupart des lois provinciales et territoriales » (Justice Canada). Pour mieux comprendre ce que signifie cette loi, les femmes ont écouté des extraits de l’émission Enquêtes du 3 octobre qui explique bien ce qu’est le contrôle coercitif et en quoi sa criminalisation est un gain pour les victimes de violence. En somme, il s’agit d’une victoire pour les luttes féministes qui martèlent depuis des années à quel point cette forme de violence est utilisée pour contrôler les femmes et les enfants victimes et comment elle « cause des préjudices émotionnels, psychologiques, économiques et physiques distincts » (Justice Canada).
Les femmes de la Marie Debout
REVENDIQUENT que les violences exercées à l’encontre des femmes et la culture du viol soient dénoncées, non banalisées et qu’elles ne soient plus tolérées dans l’espace public ET privé!
NON C’EST NON!
N’ayons plus honte, soyons fières de briser le silence.
NON C’EST TOUT!
Pour aller plus loin :
Affaire Mazan :
La Presse « Trois minutes ce n’est pas un viol » : https://www.lapresse.ca/dialogue/chroniques/2024-10-01/proces-des-viols-de-mazan/trois-minutes-ce-n-est-pas-un-viol.php
La Presse « Le boys club et les endormies » : https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2024-09-09/le-boys-club-et-les-endormies.php
#BoucheOuverte :
Le Devoir « #BoucheOuverte, répondre à la misogynie qui ne dort jamais » : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/820989/point-vue-boucheouverte-repondre-misogynie-ne-dort-jamais
Contrôle coercitif :
Épisode d’Enquête du 3 octobre sur le contrôle coercitif : https://ici.radio-canada.ca/tele/enquete/site/episodes/973125/episode-du-jeudi-3-octobre-2024
Contrôle coercitif : https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/jr/reb-rib/capcvf-mpafvc/pdf/RSD_2023_MakingAppropriatebrochure-fra.pdf

Marie Langagée regroupe tous les textes collectifs et anonymes.