Contrer l’austérité envers les femmes

Julie Drolet

À mon grand regret, j’ai constaté l’horreur que vivent les femmes à cause de l’austérité* que nous impose notre gouvernement, devrais-je dire « gouverne-mentale »! Je suis indignée qu’on nous demande de nous serrer davantage la ceinture alors que nous arrivons à peine à voir le bout du tunnel et que ceux qui nous dirigent ne se serrent pas la ceinture. Je trouve inconcevable qu’en 2015, nous les femmes, ayons de la difficulté à subvenir aux trois premiers besoins fondamentaux de Virginia Henderson qui sont de se loger, se nourrir et se vêtir. Au nom de l’éternel déficit zéro, des coupures et des remaniements sont entrepris par le gouvernement actuel et ce, sans souci de tous les impacts que cela pourra engendrer. Qui seront les plus touchées par ces coupes dans notre filet social? Parions que les femmes en seront les grandes perdantes!
Parlons des besoins fondamentaux : Tout d’abord, SE LOGER! Les logements sont tellement chers et difficiles d’accès. Les femmes, et plus particulièrement les mères monoparentales, ont peine à se trouver un endroit décent et sécuritaire. Elles sont souvent discriminées par les propriétaires et/ou concierges. Elles vivent parfois du harcèlement, une perte de quiétude, un manque d’estime de soi et beaucoup plus. Souvent ces femmes sont prestataires d’aide sociale, ce qui veut dire qu’elles ne reçoivent pas beaucoup d’argent. Lorsqu’elles font des recherches pour un travail, encore là, elles subissent de la discrimination du fait même d’être femme. Les patrons sont moins enclins à les embaucher par crainte qu’elles doivent s’absenter plus régulièrement pour leurs enfants ou pour elles-mêmes. Lorsqu’elles ont un travail, rappelons qu’elles ne gagnent encore que 75% du revenu des hommes. Le fait qu’elles soient cheffe de famille implique énormément de dépenses qui sont actuellement à la hausse, telles que la garderie, les déplacements, l’électricité, les taxes de vente, l’alimentation, etc.

Parlons alimentation… SE NOURRIR! La bouffe, le lait, le pain bref enfin tout, est devenu excessivement cher. Les montants que reçoivent les femmes sont si bas qu’elles ont peine à se nourrir et à nourrir convenablement leurs enfants. Les coupures dans les commissions scolaires entraînent même la fin de programmes de repas subventionnés aux enfants de quartiers défavorisés. Il en va de même pour des programmes de repas pour des personnes en perte d’autonomie. Le gouvernement ne veut pas prendre la peine de regarder la situation et de trouver des réponses afin de mettre en marche l’aide nécessaire. Par ses mesures d’austérité, le gouvernement nous impose ces situations. Des groupes communautaires qui offrent ces repas perdent leurs subventions, entraînant dans leur suite des pertes d’emploi pour leurs travailleurs, dont une majorité de femmes et des besoins non comblées dans les quartiers.

Manifestation contre l'austérité du 31 octobre 2014
Manifestation contre l’austérité du 31 octobre 2014

SE VÊTIR! Encore là, l’austérité du gouvernement se fait sentir! Les femmes qui vivent de la discrimination de tous les côtés sont souvent obligés de se priver car elles doivent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Elles doivent donc mettre le même linge. Conséquence très néfaste qui amène une détérioration de leur estime de soi et de leurs activités de vie quotidienne. Entraînant parfois de la dépression, de la dépendance à autrui, des difficultés diverses… Que penser du « je m’enfoutisme » de notre gouvernement? Poser la question, c’est y répondre! Par l’union et par l’information, tout est possible.

Parlons SANTÉ! Le gouvernement, par ses nouvelles lois, impose des quotas aux médecins pour que la population puisse avoir un médecin de famille. Je ne mentirai pas en vous disant qu’il est extrêmement difficile d’avoir un médecin de famille, mais cette nouvelle loi sera-t-elle la réponse à ce problème? De plus, il coupe le suivi à domicile, dont certaines personnes bénéficiaient. Je suis indirectement touchée car je dois « ramasser » ma meilleure amie à la petite cuillère. Qui prendra soin des laissés pour compte de notre système? Encore, les femmes! En alourdissant les tâches de tout le personnel soignant (médecin, infirmière, infirmière-auxiliaire, préposéE aux bénéficiaires), conséquence des coupures de soins, du manque d’équipement technique, de ressources, de personnel dans tout les milieux de la santé, le gouvernement rend le personnel soignant ainsi que la population en « burn-out », en dépression, en « écoeurantite » aiguë et à bout de nerfs! C’est nous qui écopons car nous devons attendre des heures et des heures à l’urgence. Le personnel à bout de souffle en vient à nous répondre de manière que l’on juge très sèche et discriminatoire. De patientE, on devient de plus en plus des numéros. C’est nous qui écopons également par le manque de soins à nos proches! Ils ont aussi coupé les orthophonistes sans se soucier le moins du monde de l’impact que cela pouvait avoir sur les enfants et la population qui bénéficiaient de ces services. Si ces services ont été mis en place, ce n’est pas pour rien!

Manifestation contre l'austérité du 31 octobre 2014
Manifestation contre l’austérité du 31 octobre 2014

Que dire de tout ce qu’il se passe dans les CHSLD, les RÉSIDENCES et autres établissements. Le gouvernement nous dit de dénoncer toutes situations d’abus, d’agressions physiques et verbales envers nos aînéEs, mais du même souffle ne fait rien pour enrayer ce fléau. Pendant ce temps, les personnes aînéEs vivent l’enfer, la dépression, la solitude, l’isolement, une détérioration de leur estime et ont l’impression d’être rejetéEs. Ça me met en colère car ces personnes ont toutes donné leur vie et aujourd’hui de voir qu’elles sont comme la classe moyenne, délaissées, rejetées comme un vulgaire déchet, vraiment ça me lève le cœur et me met hors de moi!

Selon moi, la meilleure manière de contrer l’austérité serait l’union, la solidarité entre les femmes et avec le milieu communautaire. Pourquoi pas la grève sociale? Il faut s’impliquer lors des manifs, s’informer sur ses droits, s’outiller en allant chercher les ressources d’aide tant en terme de nourriture et autres choses nécessaires à notre vie quotidienne. Crions haut et fort pour que tous les efforts que les femmes avant nous ont portés ne soient pas vains. Valorisons la transmission des vraies valeurs qui sont à la base de tous les peuples : la solidarité, le respect des diversités, la sollicitude, le contact humain, l’encouragement et le bien-être de tous et toutes car nous avons tous notre place et un rôle à jouer.

corset libéral
Donc Messieurs Couillard et compagnie, tenez-vous le pour dit, nous les femmes sommes solidaires, déterminées, engagées et plus fortes que jamais. Nous ferons front commun afin de garder nos acquis et faire valoir nos droits. Ensemble, nous marcherons tant et aussi longtemps que toutes les femmes ne seront pas libres et égalitaires face aux hommes et contre votre austérité. Pour nous, il n’est pas question de reculer ou de baisser les bras!

* Austérité: Couper les services publics au profit du privé. Démanteler le filet social en enlevant aux pauvres pour aider encore plus les riches

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