La crise d’Oka en 1990
J’avais 37 ans. Je demeurais sur la rue Hogan, dans la côte entre les rues Sherbrooke et Hochelaga. J’étais avec mon conjoint et mes deux filles. Une de 4 ans, l’autre de 9 ans. À cette époque, je ne connaissais pas grand-chose sur les Amérindiens.
Aux nouvelles, à la télévision, on parlait de la crise d’Oka. Je voyais les hélicoptères passer au-dessus de la maison. Aujourd’hui, je ne suis pas fière de moi car j’avais à l’époque une mauvaise image des Amérindiens. Je me demandais pourquoi ils bloquaient le Pont Mercier, pourquoi ils voulaient empêcher la construction du club de golf. Je me sentais en colère contre eux, je les prenais pour des fauteurs de troubles, des bandits. D’autant qu’il y avait eu mort d’homme.
Le face-à-face entre le soldat Patrick Cloutier et le Warrior Brad « Freddy Krueger » Larocque a été immortalisé par Shaney Komulainen le 1er septembre 1990. (Photothèque Le Soleil)Une image très forte m’est restée en mémoire. Celle du soldat et de l’Amérindien surnommé «Lasagne». Ils se défiaient du regard. Moi, je prenais pour les blancs. J’étais contente quand Lasagne a baissé le regard.
Aujourd’hui, ma perception des Amérindiens est changée. J’ai très honte d’avoir à l’époque rien compris à la situation. D’une certaine façon, je me sens coupable, même si physiquement je n’étais pas là. Moralement, je me sens mal. Pourquoi à l’époque je n’avais pas compris que les Amérindiens étaient là bien avant nous?
Aujourd’hui, je pense autrement mais le mal est fait. Comment je peux réparer? Comment faire la paix dans mon âme et dans mon cœur? Comment je peux me pardonner?
Mon nom est Louise Miller, j'ai 67 ans. Je suis la mère de 2 grandes filles et la grand-mère de 3 petits enfants. Depuis quelques années je suis à la retraite après 35 ans de service dans le réseau de la santé. J'aime la nature surtout au printemps et j'adore la couleur dans les arbres l'automne. Je lis beaucoup, surtout les romans historiques et dans mes temps libres, j'écris différents textes, je fais cela depuis longtemps. Je suis très sociable, j'aime beaucoup rencontrer et discuter avec les gens.
Suite à ton article sur le crise d’Oka, Louise je crois que tu es trop sévère avec toi, moi à cette date j’étais en Allemagne en voyage mais j’en ai entendu surtout parlé par la télévision mais pour moi, mes souvenirs sont assez loin. Tu as trouvée un moyen de réparations car tu fais partie de l’Atelier d’Ondinock et ta disponibilité légendaire d’aider les gens en tout temps fait partie de ta réparation. tu es un exemple de bonté à tous les points de vue.